Aqua-Neocaridina

Le rayon de soleil...

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Il existe aujourd’hui diverses souches de crevettes néocaridinas de pigmentation jaune dite « Yellow », chacune se différenciant au gré de quelques subtilités. J’ai choisi d’élever trois de ces souches, la Yellow Sakura, ici même concernée, en sus de la Yellow Golden et de la Yellow Néon Fire, décrites dans les articles correspondant.

La crevette Yellow Sakura, ou souvent dénommée « Yellow Fire » dans les tableaux de classification, est à mes yeux une perle de l’élevage tant sa robe est remarquable de par son jaune prononcé sur l’ensemble du corps, particulièrement sur les femelles, les mâles demeurant toujours sensiblement plus translucides comme classiquement sur la plupart des souches néocaridinas.

Bien qu’issue d’une sélection poussée, sur une base de crevettes Yellow Néon, elle reste très facile à la maintenance et se veut donc parfaitement accessible pour tous les passionnés de crustacés, du plus novice au grand aguerri. Il s’agit d’un avantage considérable dans la mesure où, généralement, toute sélection poussée amène son lot de délicatesse à l’élevage. Mais ce n’est aucunement le cas pour cette souche qui peut se proposer à tous ceux qui souhaitent en pérenniser la qualité ou seulement agrémenter leur bac d’une crevette solaire et rayonnante, hautement visible en tous recoins d’un aquarium. En effet, la Yellow Sakura tranche à merveille sur n’importe quel support, sol, décors ou plantes, c’est simple, pour résumer, vous ne verrez qu’elle !

Bien qu’une grande disponibilité de souches existe dans le commerce, il n’est pas si évident d’en trouver une bien colorée et stable où les individus, sur plusieurs générations, ne palissent ou ne dégénèrent pas vers la translucidité. Combien ai-je pu acquérir de lots pour trouver cette perle ? Un certain nombre…, comme c’est souvent le cas malgré le fait qu’il s’agisse d’une souche extrêmement classique de nos jours.

Lumineuse et flashy, la Yellow Sakura ressort particulièrement bien des sols foncés, bruns, vert, gris ou noir où elle tranche à merveille. Les sols clairs ou dans les tonalités beiges, orangée ou rougeoyantes sont à éviter si l’on veut pleinement profiter de sa robe. Les sols bleus ont également tendance à limiter son appréciation, sauf dans les cas de bleus très foncés.

Il est toutefois à noter qu’en cas de stress, la Yellow Sakura peut présenter un certain mimétisme et peut avoir naturellement tendance à s’éclaircir aussi franchement que brusquement afin de se faire discrète et se fondre dans le décor. Elle reprend vite ses couleurs une fois confiance et sécurité revenus.

Pour réussir votre élevage, je vous recommande de prendre connaissance des règles de bases relatives à la maintenance de nano-crevettes néocaridinas, pour les plus novices, ou de bien appréhender les conditions de maintenance de mes crevettes, au plus simple du possible en suivant le lien ci-dessous.

Conditions de maintenance

Particularités et comportement :

En terme de comportement, la Yellow Sakura se veut peu farouche et présente l’avantage de se montrer régulièrement dans le bac, au sol ou sur les plantes, naviguant à guise sans gêne ou crainte. Elle peut également se montrer très curieuse au moindre entretien du bac, venant voir ce qui se passe de près et n’hésitant pas à se poser sur les mains ou les outils. La vigilance s’impose donc lors des entretiens et il ne faut jamais hésité à gentiment pousser les individus trop téméraires pour éviter de les blesser. Les juvéniles sont particulièrement tenaces en la matière !

Peu gênée par les espèces compatibles, elle ne se cachera pas davantage dans les cas de cohabitation avec des nano-écrevisses particulièrement. Par contre, je ne recommande pas de la faire cohabiter avec des poissons en raison de sa couleur « plus qu’attirante » pour ces derniers qui, même dans le cas d’espèces réputées très pacifiques comme les néons ou les guppys, auront tendance à vouloir venir la voir de trop près tout au long de la journée, la dérangeant alors grandement. Certains juvéniles pourraient également devenir les bonbons des cohabitants à nageoires, par méprise au départ et par goût ensuite. Ceci est sans doute lié à l’attrait de son jaune flashy hautement visible à bonne distance lors de chaque mouvement. Une cohabitation avec d’autres crustacés est donc largement à préférer.

En terme reproductif, la Yellow Sakura, issue d’une sélection classique, présente un rendement élevé et se veut prolifique. D’ordre général, les jeunes femelles grainent fréquemment et présentent une excellente fertilité sur les saisons douces, du printemps à l’automne. Un ralentissement se remarque cependant sur la saison froide d’hiver, phénomène classique pour la plupart des crevettes. Il est toutefois à noter que cette souche présente la particularité de produire davantage de mâles que de femelles dans l’ensemble sur un ratio que l’on peut estimer à 3 mâles pour 2 femelles. Eleveurs, soyez vigilants sur cet aspect afin de maintenir un cheptel pérenne au long terme.

En terme de taille, les Yellow Sakura demeurent dans le standard des néocaridinas, atteignant à l’âge adulte un 3 cm pour les femelles et généralement un 2,5 cm à plus pour les mâles.

Les zoés Yellow Sakura naissent totalement translucides et sont alors véritablement peu visibles. Prudence lors des opérations d’entretien où personnellement je filtre l’eau à renouveler du bac à l’aide d’une passoire à maille fine en plastique pour récupérer les éventuelles zoés aspirées. Même là, une bonne lampe frontale est nécessaire pour les identifier dans la passoire que je plonge ensuite dans un bol d’eau pour les récupérer à la petite cuillère, toujours en plastique. Leur petite taille et leur transparence rendent l’opération méticuleuse et il n’est pas rare d’en oublier, la prudence est donc de mise lorsque beaucoup de juvéniles sont présentes.

La pigmentation « Yellow » apparait au-delà du premier mois de vie, très pâle au départ, elle s’intensifie peu à peu à chaque mue jusqu’à l’âge adulte où la robe définitive éclate. D’ordre général, les femelles sont plus précoces que les mâles en terme d’intensité et de prononciation du pigment jaune.

Sur les individus d’âge mûr, la pigmentation peut encore s’intensifier jusqu’en fin de vie. Les femelles âgées présentent généralement les plus belles robes, très chargées de pigments jaunes moutardés, devenant quasiment totalement opaques. A l’inverse, les mâles d’âge ont plutôt avoir tendance à perdre une partie de leur pigmentation et devenir beaucoup plus pâles dans les dernières semaines de leur vie.

Ma sélection de souche :

J’ai débuté les Yellow Sakura en 2014, avec une souche provenant de la région bordelaise, issue d’un élevage amateur mais déjà bien sélectionnée. Il faut dire qu’à cette époque la mode des crevettes s’initiait à peine et les souches asiatiques pures étaient encore bien présentes sur le marché. Au gré des années, ayant le projet de remplacer ma souche de Yellow Sakura par une autre variété, la golden notamment, j’ai peu à peu ralentie ma population entre 2019 et 2020. Sentent le regret et ne parvenant à me convaincre de la céder, j’ai fini par abandonner l’idée de m’en séparer.

Il faut dire que son jaune intense et pétillant a su rallumer la flamme de ma passion et finalement, fort heureusement car retrouver aujourd’hui dans le commerce une telle qualité serait aussi onéreux que peu probable sans de très longs mois de sélection tant le brassage de souches a depuis été trop important. Accroitre à nouveau mon cheptel n’a toutefois pas été chose aisée, l’ayant trop fortement abaissé, mais peu à peu, ma persévérance a porté ses fruits. Je suis donc resté sur cette souche très qualiteuse, qui ne demande plus de travail intense de sélection et propose un taux de stabilité à plus de 98% en étant exigeant.

Biensûr, comme toutes les souches, un entretien s’impose pour conserver une belle pigmentation. Là réside aujourd’hui la difficulté, celle de trouver une souche qualitativement similaire afin d’intégrer de nouveaux individus pour conserver une bonne hétérogénéité génétique. L’éleveur d’antan n’existe plus et pour l’heure, je n’ai toujours pas trouvé équivalence sur une hérédité de sélection semblable.

Bien que ma souche Yellow Sakura soit menée en autarcie génétique, je ne rencontre pas de problèmes de consanguinité et elle demeure hautement stabilisée. Je poursuis tout de même mes recherches afin d’apporter un zeste de sang neuf dans mon cheptel et que j’espère cette année.

Mon cheptel reproductif se compose d'une vingtaine de femelles et d’une trentaine de mâles adultes en moyenne. Comme mentionné précédemment, les Yellow Sakura produisant en dominance des mâles, je me suis rendue compte qu’il était préférable d’en conserver en supériorité par rapport au nombre de femelles notamment afin de conforter la reproduction. Un nombre équivalent de mâles et de femelles abaisse sensiblement le nombre de naissances et dirai-je même leur libido... Le fait ne se veut aucunement étrange puisque dans le milieu naturel les mâles sont toujours prédominants. Et il ne faut pas oublier que cette souche de Yellow Sakura est ancienne et se veut directement issue d’une sélection de population endémique d’Asie. Sa proximité génétique avec les souches originelles, dites matricielles, explique cette particularité bien réelle de la Yellow Sakura.

La souche proposée est donc véritablement très appréciable au regard de sa pureté et se veut extrêmement qualiteuse pour tous les connaisseurs. Je la recommande vivement à tous ceux qui souhaitent la pérenniser ou remplacer leur population dégénérant en terme d’intensité de couleur. Bien qu’elle puisse nettement améliorer d’autres souches moins qualiteuses, il serait à mon sens dommage de la mélanger en sous nombre avec des populations amoindries sans risquer de lui faire perdre la pureté de ses gènes. Trouver une telle souche, peu brassée et peu étagée génétiquement, est devenu rare. Mais biensûr, à chaque éleveur de faire son choix !

Conseils d’acclimatation :

Acclimatée aux eaux dures et calcaires usuelles du sud de France, son acclimatation ne pose aucune difficulté sur toutes les régions soumises à des paramètres similaires de l’ensemble du pourtour méditerranéen, que ce soit en plaine et sur le littoral, où toutes régions à dominante d’eau calcaire.

Dans ces conditions, un simple ajout d’eau d’un quart du volume de transport chaque 20 min durant 1h30 à 2h est largement suffisant.

La Yellow Sakura peut également parfaitement s’acclimater à des eaux plus acides de montagne, du nord de France ou des régions à dominante forestière ainsi qu’à des conditions de maintenance sous eau osmosée. Je préconise alors un goutte à goutte plus lent sur une période de 2h30 à 3h au minimum.