Aqua-Neocaridina

La distinguée red & white…

Sous l’eau simple du robinet et sol neutre !

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La crevette bicolore Red Crystal, alternant avec précision une succession de bandes blanches et rouges intenses sur sa belle robe, est un animal délicat usuellement élevé selon des paramètres contrôlés imposant sol technique et eau osmosée pour un parfait contrôle du ph et de la conductivité, facteurs auxquels elle se veut sensible.  Appartenant à la grande famille des caridinas, dont elle demeure la moins exigeante en termes de conditions de maintenance, elle n’en demeure pas moins délicate à élever en marge des paramètres lui étant optimaux, c’est à dire sur sol neutre et en eau dure, comme j’ai choisi de le faire. De ce fait, elle ne se destine qu’aux aquariophiles déjà expérimentés à la maintenance de nano-crevettes qui sauront cerner et s’adapter rapidement à ses besoins. Novices, il est préférable de s’abstenir même si sa robe, atypique, est fort attrayante, et de lui préférer en première expérience les néocaridinas plus faciles.

Appréciant les Ph légèrement acides de 6 à 6,5, la Red Crystal, comme sa consœur la Black Crystal, peut également s’adapter à la neutralité mais il est toutefois recommandé d’inclure des feuilles de cattapa dans son bac pour apporter une sensible acidité, ce que je n’ai pas choisi de faire en raison de la forte coloration ambrée qui en ressort.

Fortement appréciée dans le monde de l’aquariophilie, contrastée et pétillante, elle ressort particulièrement bien sur des sols foncés où elle tranche à merveille. S’agissant d’une crevette assez vigoureuse, il est indispensable de lui fournir un bac bien planté et bien aménagé de nombreuses cachettes. Très sensible, même  davantage que sa consœur la Black Crystal, elle apprécie fortement les eaux propres et bien oxygénées en permanence. Tout immobilisme de sa population doit alerter sur un renouvellement d’eau à prévoir très rapidement. Sensible à la moindre variation, elle sait le montrer avec efficacité.

Il est à noter qu’il n’est pas si évident de se procurer une souche de qualité autant en terme de grade de couleur que de fiabilité génétique dite « homozygote », comme je l’explique en fin de paragraphe suivant, malgré l’offre importante en France.  Après plusieurs tentatives et une grande persévérance, ma souche commence à devenir intéressante sur la reproduction et la génétique mais se doit d’être travaillée encore dans le temps. Avis donné aux amateurs et aux plus passionnés de la sélection homozygote parfaite, nécessaire pour atteindre les hauts grades de couleurs !

Pour réussir votre élevage, je vous recommande de prendre connaissance des règles de bases relatives à la maintenance des nano-crevettes caridinas, pour les plus novices, ou de bien appréhender les conditions de maintenance de mes crevettes, au plus simple du possible pour tous mes bacs en suivant le lien ci-dessous.

Conditions de maintenance

Particularités et comportement :

En termes de comportement, la Red Crystal se veut relativement farouche mais présente l’avantage de se montrer tout de même  assez régulièrement dans le bac, au sol ou sur les plantes, dès lors que le calme règne dans son environnement. Appréciant sa tranquillité, elle tolère bien moins que les néocaridinas les intrusions dans son bac, notamment lors des nettoyages du bac, où elle a tendance à rapidement partir se cacher. Toutefois, son observation à travers le verre ne la gêne pas réellement si l’observateur ne pénètre pas dans le bac à l’aide d’outils.

Je recommande donc de bien planter leur bac et de leur fournir de nombreuses cachettes afin de limiter les interactions lors des opérations de maintenance de l’aquarium. Pour se faire, je ne nettoie le fond du bac par aspiration qu’une fois par mois et me contente, chaque semaine, de n’aspirer l’eau à évacuer qu’en surface, généralement à hauteur de 25% du volume.

La Red Crystal apprécie une eau bien propre et plus faiblement les eaux ambrées relatives à des pollutions liées aux surplus de nourriture notamment. Il faut donc bien veiller à renouveler régulièrement un faible volume d’eau et nettoyer leur filtre pour conserver les meilleures conditions possibles pour elles. Une filtration importante leur est nécessaire avec une bonne oxygénation. La Red Crystal parait être un poil plus sensible à ces aspects que sa consœur la Black Crystal.

Par expérience, gênées par d’autres espèces pacifiques et théoriquement compatibles, je déconseille de la mélanger à ces dernières dans un bac communautaire. Ceci même avec d’autres nano-crevettes de souches néocaridinas aves lesquelles j’ai pu observer certains conflits bénins mais préjudiciables aux Red Crystal ; peut-être à la réserve que cette seconde population soit en large sous-nombre vis-à-vis de celle des Red Crystal, ce qui reste toutefois à vérifier. Personnellement, j’ai émis le choix de leur laisser un bac spécifique et propre sans cohabitation, hormis avec des mâles nano-écrevisses CPO avec lesquels elles n’ont aucune interaction conflictuelle notamment pour la nourriture et le territoire, dont les cachettes, ces derniers étant très peu nombreux.  

Par contre, sa cohabitation avec d’autres caridinas semblables, comme les Black Crystal, ne pose aucun problème, sauf pour ceux qui souhaitent conserver la qualité génétique de leur souche sans faire naitre d’individus hétérozygotes (voir chapitre à ce sujet).

Comparativement, la Red Crystal est sensiblement plus timide que la Black Crystal même si les deux souches sont extrêmement proches. Elle présente également un grand besoin de vivre en colonie assez importante, à l’idéal d’une vingtaine d’individus, pour se sentir à l’aise. La Red Crystal, contrairement à la Black Crystal, parait moins bien apprécier les petites colonies de moins de 10 individus.

De maintenance facilitée par un maintien en aquarium sans contrainte de sol technique et d’eau osmosée, la Red Crystal présente un rendement reproductif bien moins élevé que sous ses conditions préférentielles, comme sa consœur la Black Crystal. En effet, d’ordre général, les femelles grainent moins fréquemment, moins abondamment et se veulent plus fertiles au printemps et durant l’été, c’est-à-dire lors des hausses de température. En ce sens, certains éleveurs n’hésitent pas à stimuler leurs reproductions en jonglant sur des périodes de chauffage à 24 / 25° et de refroidissement sur la période hivernale. A mon sens, il s’agit d’un artifice loin d’être naturel que je ne privilégie pas pour leur bonne santé. Je préfère conserver une température ambiante avoisinant les 22° sur la saison chaude et maintenir un minimum confortable de 20° en période hivernale sans surchauffer. La durée de vie de mes Red Crystal s’en ressent fortement et me permet de conserver mes individus sur une moyenne de 20 mois correspondant à une durée de vie naturelle. Au-delà ou sous artifice de rentabilité, leur espérance ne dépasse généralement guère plus de 10 à 12 mois. Les caridinas disposent d’une longévité plus faible que les néocaridinas qui atteignent, elles, 24 à 36 mois, en moyenne.

En terme de taille, elles demeurent dans le standard des caridinas, atteignant à l’âge adulte un 3 à 3,5 cm pour les femelles et guère moins pour les mâles dépassant majoritairement les 2,5 à 3 cm. Généralement, elles sont sensiblement plus grandes que les néocaridinas. D’ailleurs, leur croissance est également plus rapide, expliquant sans doute leur plus faible durée de vie.

Les femelles sont sensiblement plus grandes que les mâles et se différencient grâce à leur abdomen plus large. La chape ovarienne demeure invisible étant donné leur forte pigmentation.

Les zoés Red Crystal naissent déjà maculée de leur robe. Elles sont clairement visibles notamment pour les opérations de maintenance du bac. Il est d’ailleurs rare d’en aspirer, car comme les adultes, elles ont tendance à rapidement aller se cacher dès la moindre intrusion dans le bac.

Pour terminer sur la reproduction, les caridinas peuvent s’hybrider entre elles mais ne s’hybrident pas avec des néocaridinas. Ainsi les Red et Black Crystal peuvent se reproduire entre elles et créer, selon certaines petites complexité génétiques, des individus dans les deux couleurs selon qu’elles portent ou non le gène récessif rouge « bb » ou le gène dominant noir « BB ». Pour une meilleure compréhension, voici un petit tableau expliquant les rendements de robes selon les cas de figure génétique, selon que les individus soient hétérozygotes ou homozygotes :

Après constations, certains de mes individus Red Crystal sont hétérozygotes, c’est-à-dire qu’ils disposent du gène dominant noir « BB ». Bien que séparés des individus Black Crystal qui disposent de leur bac propre, il arrive que certains individus Black Crystal naissent mais en très faible nombre. Je récupère ces derniers pour les mettre dans un bac séparé. La majeure partie de ma population se veut donc homozygote, mais j’ai encore quelques individus hétérozygotes. Avec le temps, ma population perdra ce gène dominant et deviendra intégralement homozygote, ce qui est l’un de mes objectifs, en sus d’une bonne reproduction dans des conditions de maintenance non techniques. Ma souche est actuellement en très bonne voie avec très peu de naissance en Black Crystal (< à 5%).

Codification de la couleur

Bien que sa robe soit extrêmement appréciée, rappelant les bonbons Candy Canes, il existe en réalité une multitude de grade de sélection de sa couleur, en fonction de l’importance et de l’opacité des zones blanches. Pour mon élevage, j’ai choisi de partir sur la souche dite « sauvage », bien plus résistante que toutes les autres. Il s’agit d’une souche d’origine asiatique, prélevée dans le milieu naturel et qui n’a subi aucune sélection poussée la fragilisant génétiquement. Son pattern se rapproche ainsi des CBS de grade B (K2) et A (K4) avec un rouge opaque à faiblement translucide mais bien marqué. Le blanc est également opaque à translucide. Cette souche, présentant majoritairement trois bandes de couleur rouge, se travaille sans trop difficulté et permet de produire des grades supérieurs après sélection des descendances. Je commence effectivement à voir apparaitre des grades S (K6) parmi ma population. Mais pour l’heure la sélection n’est pas ma priorité, préférant pérenniser sa reproduction et son développement sous des conditions faciles de maintenance.

Pour mieux s’y retrouver, voici les différents grades de couleurs répertoriés, selon la codification allemande (grades K0 à K14) et la codification française (grade C à SSSS) :

Au-delà, on atteint une crevette intégralement blanche dénommée « Snow White » qui présente, elle aussi, sa propre codification en fonction de ses variantes de robe, hors sujet ici.

Ma sélection de souche :

J’ai débuté mes Red Crystal en 2021, il s’agit donc d’une souche assez récente. Les débuts n’ont pas été très satisfaisants sur l’élevage de ce type de souche sur sol neutre et eau du robinet au plus simple possible. En effet, la plupart des vendeurs élèvent cette souche sur des sols techniques, la rendant plus fertile, d’où la difficulté. L’acclimatation, lente, n’a jamais réellement posé de problème direct mais j’ai connu la perte de nombreux individus sur plusieurs lots achetés après 3 semaines passées dans le bac. Ces pertes ont été plus importantes et plus rapides que celles connues avec les Black Crystal. Ces pertes sont sans doute relatives à un affaiblissement lié au stress sur des individus vendus déjà adultes car en effet, j’ai toujours eu moins de pertes sur des individus acclimatées en âge juvénile. J’ai donc privilégié l’achat de juvéniles s’adaptant mieux que les adultes au changement de paramètres.

Avec le temps, je me suis également rendu compte que malgré les divers dires stipulant qu’il était possible d’élever cette souche en cohabitation avec des souches de néocaridinas, cela n’était pas vraiment pas recommandable avec la Red Crystal. En effet, bien qu’elle soit sensiblement plus grande que les néocaridinas, j’ai remarqué plusieurs conflits notamment liés à l’alimentation ou aux cachettes dans le bac où, à la base, elles cohabitaient avec des Bloody Mary. Ces dernières ayant une forte tendance à les embêter régulièrement ou à leur interdire l’accès aux plantes et cachettes. Ces conflits ont engendré assez rapidement des pertes sur la population de Red Crystal, déjà en nombre moins important, qui ont subi sans aucun doute un stress des plus néfaste à leur bien-être. J’ai également observé des femelles bloody mary grainées s’attaquer sans vergogne à une femelle Red Crystal affaiblie, la poursuivant de façon incessante dans le bac.

J’ai donc décidé de séparer dans les meilleurs délais mes Red Crystal restantes en leur offrant un bac à part entière, sans cohabitation, afin de faciliter leur développement sous des paramètres toujours simples et donc non idéaux pour elles. Ceci en augmentant à nouveau et à plusieurs reprises ma population alors fortement amoindrie au biais d’un éleveur de l’Hérault passionné qui élève également sous l’eau du robinet.

L’amélioration fut alors bien nette, n’ayant plus eu que quelques pertes. En quelques mois, mes femelles ont commencé à grainer et à produire de jolies zoés bien que chacune de mes portées n’engendrait que quelques individus à chaque fois. Rappelons que nous ne sommes pas dans des conditions de vie optimales pour la reproduction de cette belle caridina Red and White et qu’il est déjà excellent de la voir reproduire sous ces paramètres-là. Rappelons aussi qu’elle est bien plus sensible que sa consœur la Black Crystal.

Sur l'ensemble de mon cheptel reproductif, encore faible et composé de cinq femelles adultes en moyenne, j'obtiens maintenant quelques jolies crevettes  correspondant au standard de grade K4 recherché. Moins avancée que sur la Black Crystal, je n’obtiens pas encore d’individus présentant un grade sensiblement plus élevé et atteignant le K6. En marge, en raison de la présence de quelques adultes hétérozygotes, j’obtiens moins de 5 % d’individus Black Crystal que je déclasse. Le taux de stabilité de ma souche, alors établi en terme de couleur de robe rouge et blanche atteint aujourd’hui 95% mais avec un rendement reproductif encore trop faible.

Mon objectif actuel est d’atteindre une vingtaine de femelles sur mon cheptel moyen. L’objectif de sélection d’une population strictement homozygote viendra en second temps. Sachant qu’une majorité de mâles naissent sur des portées de très faible nombre, il me faudra encore du temps pour bien pérenniser ma souche. Ceci explique la très faible disponibilité annuelle de mes Red Crystal en termes de vente ; aspect qui devrait évoluer à l’avenir, espérons pour la fin 2023.

Afin de préserver une bonne hétérogénéité génétique, j’envisage comme à mon habitude de dynamiser ma population en incluant 1 fois par an de nouveaux individus provenant de cette bonne souche héraultaise. Selon l’évolution de ma population, je n’exclue pas de la renforcer par quelques individus supplémentaires également, la Red Crystal étant fortement sociable.

A long terme, mes objectifs se tourneront vers une sélection des grades pour atteindre les K8 et K12 en première intention, et les suivants peut-être en seconde intention, toujours sous des paramètres faciles de maintenance si possible. Au cas inverse, peut être lancerai-je l’aventure sous des paramètres techniques en doublant mes populations.

La souche proposée, particulièrement sous des conditions de maintenance faciles ne demandant ni eau osmosée ni sol technique, se veut donc véritablement appréciable pour tous les aquariophiles disposant d’une première expérience réussie en maintenance de nano-crevettes. Plus délicate que les néocaridinas et que sa consœur la Black Crystal, elle demande connaissance et grande attention pour bien investir son environnement et donner le plus grand des plaisirs à son éleveur.  Je ne recommande donc pas cette souche aux novices ou aux aquariophiles qui souhaiteraient seulement agrémenter un bac communautaire, tentés par sa couleur atypique et attrayante. L’acquisition de cette souche doit être réfléchie, au regard de son bon maintien et du matériel  à disposer pour bien l’accueillir, notamment d’un bac spécifique à leur aménager de façon indiscutable.

Je recommande donc cette souche à tous ceux qui souhaitent en poursuivre l’élevage pour atteindre les mêmes  objectifs d’une population reproductive et intégralement homozygote permettant alors de travailler par suite les grades de couleurs.

Ceci dit, cela n’exclue pas les aquariophiles expérimentés qui souhaiteraient plus simplement se faire plaisir pour agrémenter un bac dédié à cette jolie caridina. Un mélange avec des Black Crystal peut également s’envisager pour le simple ornement mais à la mesure que ce dernier engendrera la production d’individus majoritairement hétérozygotes, donc moins purs génétiquement et pouvant, à terme, descendre en grade de couleurs vers du K2 à K0.

Biensûr, à chacun son choix !

Conseils d’acclimatation :

Acclimatée sur sol neutre et aux eaux dures et calcaires usuelles du sud de la France, c’est-à-dire en dehors de ses paramètres de vie optimaux, son acclimatation sera bien plus facilitée pour tous les bacs fonctionnant à la simplicité de l’eau du robinet sur toutes les régions soumises à des paramètres similaires sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, que ce soit en plaine et sur le littoral, où toutes régions à dominante calcaire.

Dans ces conditions, je préconise de réaliser un goutte à goutte lent sur une période de 3h au minimum..

Toutefois, les Red Crystal s’acclimateront également aisément à des eaux plus acides et moins minérales de montagne, du nord de France ou des régions à dominante forestière ; ces conditions se rapprochant de leurs paramètres de vie préférentiels. Je préconise alors un goutte à goutte plus lent sur une période 5h à 6h dans la mesure où mes individus ne sont pas élevés sous ces conditions.

Il en va de même pour tous bacs à sol technique ou gérés en eau osmosée maitrisant la minéralisation et l’acidité.