Aqua-Neocaridina

La véritable jade, un travail d'orfèvre…

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Comme pour toutes crevettes de couleur verte, combien ont été déçus à la réception d’une souche portant le terme « jade » dans sa dénomination? Et combien ont vu les déceptions se succéder, lot après lot, jusqu’à en arriver à remettre en cause sa réelle existence?

En réalité, la sélection « green jade » présente diverses souches classifiées entre haut et moyen grade, qui existent véritablement, mais s’avèrent peu diffusées dans le commerce. Disposant de souches de très haut grade, qu’il m’a également été très difficile de trouver, j’ai souhaité orienter mon petit élevage amateur vers une souche de moyen grade, plus abordable à la plupart des aquariophiles notamment en terme de prix.

Malgré plusieurs tentatives et une multitude de lots achetés, j’ai fini par abandonner le rêve de la dénicher un jour, me tournant alors directement vers sa création au fruit d’un long travail personnel.

Je recherchais une robe ni sombre, ni claire, s’apparentant à juste intermédiaire pigmenté d’un doux vert olive disposant, tout de même, de la pétillance d’un vert pomme. Il est facile d’obtenir ce résultat en aquarelles ! Mais en génétique, il s’agit bien d’un travail d’orfèvre…

Après plusieurs essais, à l’utilisation de génétiques « yellow » et « super green jade », j’ai fini par approcher mon cher désir. Un travail de cinq années, laborieux ou décourageant à souhait, mais qui un beau jour fini par satisfaire en stabilisant le pigment sur près de 85% des naissances.

Biensûr, ce taux reste à parfaire mais je vous lance le défi de trouver la véritable couleur de l’olive verte dans une green jade moyen grade en multi génération dans le commerce! Pari lancé ?

S’agissant d’un crustacé hautement sélectionné qui ne se trouve pas à l'état naturel, la crevette « Super Green Jade » demeure toutefois bien robuste et présente des capacités d’adaptation larges à toutes conditions de maintenance, comme la plupart des néocaridinas.

Au-delà de sa belle couleur, la petite olive ne se veut aucunement plus difficile à maintenir qu’une Red Cherry classique malgré le travail de sélection réalisé. Facile, robuste, elle s’acclimate parfaitement et rapidement à toutes les conditions de maintenance, particulièrement les plus simples (eau du robinet et sol neutre). Cet atout était également l’une des priorités de mon travail de sélection. Egalement prolifique et peu farouche, elle se rend donc accessible aux plus novices des aquariophiles tout en jouant la carte d’être financièrement plus abordable que toutes les sélections « jade » de haut grade, plus complexes à la maintenance de surcroit.

Voilà donc enfin une petite crevette « Jade » qui se destine à tous, répondant aux critères de la sélection moyen grade, proposant un véritable vert olive, le tout surmonté d’une stabilité reproductive devenu bien intéressante maintenant. N’hésitez plus, elle est enfin là !

Pour réussir votre élevage, je recommande aux plus novices de prendre connaissance des règles de bases relatives à la maintenance de nano-crevettes néocaridinas, ou de bien appréhender les conditions de maintenance de mes crevettes, au plus simple du possible en suivant le lien ci-dessous.

Conditions de maintenance

Particularités et comportement :

En termes de comportement, la Green Jade de moyen grade, issue d’une sélection relativement poussée, ne se veut aucunement farouche et présente l’avantage de se montrer quasiment en permanence dans le bac, au sol ou sur les plantes, naviguant à guise sans gêne et occupant bien le volume d’eau. Très curieuse et gourmande, il est courant de la voir se poser sur la main ou les outils au moindre entretien du bac, venant voir ce qui se passe de très près au cas où un peu de nourriture apparaitrait à proximité.

Peu gênée par les espèces compatibles, elle ne se cachera pas davantage dans les cas de cohabitation avec des nano-écrevisses et tout type de mollusques (bivalves, escargots, moules etc..) sur lesquels elle aura même tendance à séjourner régulièrement. Seule la présence de poissons, même pacifiques, parait leur être sensiblement plus gênante notamment avec des poissons vifs se déplaçant rapidement. Pour ceux qui envisageraient une cohabitation en ce sens, je recommande de choisir des variétés occupant de préférence la surface et de petites tailles (guppys, néons, nez rouge…).

La Green Jade de moyen grade ne requiert pas une maintenance particulière en aquarium d'eau douce où elle se plait parfaitement, à la seule réserve de lui fournir un bac suffisamment planté, source de cachettes. D’un point de vue reproductif, son rendement demeure bien intéressant avec des femelles grainant très fréquemment sur l’année, avec juste un faible ralentissement durant la saison froide hivernale mais sans réel arrêt.

Toutefois, le nombre d’œufs portés et arrivant à terme se veut sensiblement plus faible que pour la majorité des néocaridinas. En effet, bien que les femelles grainent en quantité, une grande partie se veut souvent non fécondée et rapidement délestée. En moyenne, une femelle donne naissance à une dizaine d’individus par portée, plus rarement davantage. Mais sa fréquence de fécondation nivelle nettement le rendement productif global.

Compte tenu de cet aspect, on ne peut que recommander aux amateurs de la sélection de porter vigilance à cette particularité de la souche et d’éviter de faire cohabiter les green jade de moyen grade avec des poissons, même pacifiques, qui porteraient préjudice à leur reproduction si certains individus se veulent friands de zoés. De plus et à mon sens, compte tenu de la faible disponibilité de ce type de souche, réellement « verte », il serait bien dommage de risquer de perdre sa progéniture. Mais à chacun ses décisions.

En terme de taille, la Green Jade de moyen grade demeurent dans le standard des néocaridinas, atteignant à l’âge adulte un bon 3 cm pour les femelles et guère moins pour les mâles dépassant majoritairement les 2,5 cm.

Les zoés Green Jade ne naissent quasiment jamais sous la robe des adultes, marquée d’un vert olive gorgé de soleil. Plutôt sur des tonalités jaunes translucides en bas âge, elles développent leur pigmentation peu à peu à chaque mue jusqu’à l’âge subadulte où la couleur verte s’ancre progressivement. Ce n’est qu’à l’âge adulte que leur robe laisse éclater le lumineux vert olive, plus ou moins surmonté d’une ligne dorsale vert tendre chez certaines femelles. Ceci dit, sur cette souche, il est commun de voir certains individus perdre momentanément leur pigmentation juste après une mue. Il ne s’agit pas d’un stade définitif, la pigmentation revenant en quelques jours. Attention au travail de sélection qui ne doit pas déclasser ces individus-là. Seule la connaissance poussée de son cheptel et des individus qui le compose permet de bien discerner cette particularité de la souche et d’éviter les erreurs de jugement.

Sur les individus adultes, il est usuel de voir la couleur vert olive se prononcer davantage sur les femelles. Les mâles proposent, quant à eux, un vert de nuance olive mais plus pâle et translucide, pouvant prendre des tonalités plus jaunes dans l’ensemble. Certains spécimens peuvent sortir, dès l’âge subadulte quelques rayures vertes foncées. Cette différence de robe en fonction du sexe se rencontre quasiment dans toutes les souches de couleurs néocaridinas, où les femelles proposent toujours les plus belles couleurs. Il ne faut pas pour autant déclasser ces mâles, demeurant porteurs d’une très belle génétique, à l’exception de ceux qui présenteraient une robe bien trop jaunâtre ou un corps trop fortement rayé.

En fin de vie, dans un âge très avancé, certaines femelles peuvent prendre des pigments ponctuels tirant sur le jaune or, notamment sur les flancs de leur abdomen et le dessus de leur céphalothorax. Il arrive également que certains mâles perdent en pigments colorés alors qu’ils présentaient un joli vert au préalable. Ce n’est le cas que de quelques rares individus, mais quoi qu’il en soit, restons humble dans le travail de sélection mené puisque la génétique n’est pas une science précise et maitrisée, fort heureusement.

Compte tenu de l’intensité de sa robe, la Green Jade de Moyen Grade s’apprécie davantage sur des sols généralement clairs, aux tons ivoires, crèmes ou sensiblement jaunes. Les sols marrons sont également séduisants pour cette variété. Je ne recommande toutefois pas les sols trop foncés, noirs, rougeoyants, verts ou bleutés qui ne la mettent guère en valeur. Biensûr la question goût et couleurs demeure propre à chacun.

En termes d’entretien, la Green Jade de moyen grade n’est point exigeante. Ma souche, élevée à l’eau du robinet sur sol neutre, se veut de maintenance très facile même pour les plus novices. Choisissant de les élever au plus naturel possible, je laisse le cycle des saisons régir le bac en le maintenant à une température ambiante toute l’année. Pour éviter toutefois de brusques refroidissements hivernaux, je maintiens ma population dans un bac fermé par un couvercle qui évite les variations thermiques rapides en surface.

D’un point de vue renouvellement d’eau, cette souche ne présente pas d’exigence particulière ou de sensibilité particulière à certaines maladies de crustacés. Classiquement, je recommande de nettoyer le filtre pompe chaque semaine en procédant à un siphonage d’entretien du sol à hauteur de 20% du volume du bac. Mensuellement, un entretien plus poussé peut s’effectuer pour bien nettoyer le sol sur toute sa surface en changeant 50% du volume du bac.

Ma sélection de souches :

Comme préalablement énoncé, ayant abandonné l’idée de l’acquérir au biais du commerce européen, il m’a fallu beaucoup de temps pour parvenir à créer cette belle souche de Green Jade, purement vert olive, et ce au biais d’un travail initié en 2018. Voilà donc des années de labeur qui, dorénavant, offre le résultat escompté pour le plus grand plaisir des yeux.

Déjà dotée d’une bonne stabilité en termes de reproduction et sans faire l’objet de régénérations qualitatives, son taux de rendement, atteignant un 85%, est remarquable en seulement cinq années. Biensûr, il reste à parfaire inlassablement mais dès 2023, il me permet de rendre disponible cette souche pour tous ceux qui en sont séduits, soit pour le simple ornement, soit pour poursuivre le travail de sélection et pourquoi pas s’y initier.

Les 15% d’individus à déclasser pour conserver cette belle qualité de couleur uniforme à la population sont majoritairement bien moins pigmentés que d’autres ou, pour les mâles, bien « vert olive » mais trop rayés à mon sens. J’élimine également du cheptel une part d’individus où les pigments yellow prédominent au détriment du vert. Ces individus-là peuvent toutefois très bien reproduire dans le standard recherché pour la sélection mais ils offrent toujours une part non négligeable d’individus leur ressemblant et fortement pigmentés de yellow qui pourraient abaisser la qualité de la souche. Je déclasse donc ces individus vers un bac spécifiquement dédié avec la même rigueur systématique.

Progressivement, je parfais ma sélection dans la même orientation, conservant un double objectif de pureté dans la robe en pluri-générationnel et d’amélioration de la stabilité pour atteindre 90% en première étape, puis 95%au moins par la suite. La Green Jade est une précieuse dont il faut prendre soin. Et elle est tellement belle…

Mon cheptel étant encore en assez faible nombre par rapport à mes attentes et s’agissant d’une crevette dans l’ensemble prolifique mais où je déclasse 15% des individus en moyenne, je ne réalise pour l’instant que de rares ventes, préférant augmenter ma population à une quarantaine de femelles reproductives environ.

Cette souche se veut donc extrêmement intéressante pour tout éleveur aguerri qui souhaiterait se doter d’une belle et véritable « Green Jade de Moyen Grade », qui rappelle les fruits des oliveraies du sud de la France. Compte tenu de sa génétique, je ne peux que recommander de l’élever dans un bac à part entière, lui étant uniquement dédié. La destiner à affiner la génétique d’une autre population de Green Jade moins qualiteuse serait fort dommageable, à mon sens, car il se ferait à son détriment étant donné la faible qualité des souches à ce jour diffusée. Mais à chaque passionné d’en juger !

Bien entendu, elle peut également se destiner à des aquariophiles plus novices qui souhaitent seulement agrémenter leur bac de petites émeraudes vivaces et luisantes. Toutefois, je ne peux que déconseiller de la mélanger à d’autres couleurs de néocaridinas pour éviter toute hybridation s’agissant d’une souche peu courante qui mérite amplement de se développer dans nos aquariums. Il est donc préférable, pour ceux qui recherchent un agrément multi-coloré dans un bac, de s’orienter vers une souche green-jade plus classique que celle-ci… mais là c’est la labeur du travail et la passion qui parlent… Donc, à chacun de choisir !